Striplife

A quoi ressemble une journée ordinaire à Gaza ? Striplife débute pourtant par un événement qui ne l'est pas : des douzaines de raies mantas se sont échouées sur la plage de Gaza City. Une pêche miraculeuse qui anime la ville où Antar s'apprête à enregistrer une chanson, Noor se prépare pour sa journée de reporter à Watania TV, des adolescents du camp de Khan Younis partent pour leur « parkour » du jour, alors que Jabber, qui vit dans la « zone tampon » à 400 m d'Israël s'occupe de ses champs. Mais quelques coups de feu épars résonnent dans le lointain avec le lent ballet des jeeps blindées israéliennes qui barre l'horizon. Tout l'art du collectif de cinéastes italiens qui signent ce film immersif, consiste à distiller à l'image les indices du blocus : Moemen, photographe de métier, se déplace en fauteuil roulant après sa mutilation pendant l'opération « Plomb durci » de 2008, un bateau de pêcheurs vient d'être criblé de balles... Et une séquence saisissante montre un supermarché gazaoui, regorgeant de produits israéliens, aussitôt plongé dans l'obscurité à cause d'une panne d'électricité. Nulle violence, fût-elle symbolique, ne semble devoir être épargnée à ce peuple maintenu sous perfusion.

Emmanuel Chicon