Song of Breath

Une redéfinition tonitruante du film choral – ou plutôt une réaffirmation de son sens premier, celui d’un ensemble de voix qui s’élèvent à l’unisson. Song of Breath est un objet rare, un film où l’ouïe, et ce qu’elle capte – le grondement d’un didgeridoo, le frottement d’une gorge humaine – prend le pas sur les images en mouvement. On a l’impression d’entrer dans une histoire alternative du cinéma : un monde où le son aurait précédé l’image, où le cinéma serait né purement sonore, et où les images n’auraient rejoint la bande-son qu’ensuite, en contrepoint, presque en surimpression. Le film de Simona Canonica nous rappelle que toute source d’image est aussi, potentiellement, une réserve de son. Qu’il s’agisse de la fabrication d’un instrument, du façonnage minutieux du dos d’un violon, ou même du bois encore intact – arbre vivant qui craque sous une brise légère. Une remise en question puissante de la hiérarchie tacite entre deux de nos cinq sens. Canonica y révèle la portée politique du son, sa temporalité propre, et ce que son apparente invisibilité rend possible.
Dimitri de Preux

Song of Breath, 2025
Jugando con los pajaros, 2014
Con la licencia de Dios, 2010
La visita, 2009
Danza Improvvisa, 2006