Jean-Luc Godard
France | 1995 | 62 min
Langue : français
Sous-titre : anglais
« Qu'est-ce qu'un autoportrait ? Il n'y a que la peinture qui ait donné une réponse. Rembrandt, ou Madame Vigée-Lebrun faisaient leur autoportrait pour se montrer aux autres, mais c'est aussi un moyen pour regarder sa peinture à soi. (…) Je pense que là, j'ai essayé de filmer, d'enregistrer de la pensée, ce pour quoi est fait le cinéma. » Jean-Luc Godard
Le visage grave de Jean-Luc, enfant, repose sur le tablier d’une cheminée. La photographie séminale est couverte par l'ombre de Jean-Luc lui-même, dont la caméra va glisser des paysages hivernaux du Léman au monde intérieur du cinéaste, livré par bribes, comme un puzzle dont les pièces ont la forme de sensations, de méditations, de citations littéraires, picturales, et bien sûr cinématographiques. Cet « autoportrait de décembre », à l'origine commande de la société de production française Gaumont pour célébrer son centenaire, enregistre une pensée en mouvement, la raison d'être du cinéma selon Godard : « Que cherchait Rembrandt lorsqu'il installa le chevalet à côté du miroir ? Probablement : jusqu'où la peinture peut aller. Et ensuite : jusqu'où il la suivrait, c'est-à-dire jusqu'à quand, (…) car c'était le temps lui-même mis à peindre qu'il déposa sur la toile. Mis à nu, si l'on peut dire. Non point photo d'identité donc. Ni examen de conscience. Juste une question de temps, et l'espace donne peu de réponses, ni vitesse, ni position. Sauf peut-être dans le système de la cinématographie, le seul où les forces morales ont à voir avec les forces physiques. »
Emmanuel Chicon
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