Paradise

« Instaurée en 2015, l’expression "zone de contrôle" est un terme officiel dans la loi fédérale russe désignant des territoires éloignés ou peu habités. Dans ces zones, les autorités ne sont pas obligées d’intervenir en cas de feux de forêt, si le coût pour les éteindre dépasse celui des dommages estimés. En Yakoutie, au nord-est de la Sibérie, plus de 80% du territoire est placé en zone de contrôle. À la limite de ces "zones" se trouve le village de Shologon ». Après ces quelques mots, le film nous plonge dans un territoire immense peuplé de quelques habitant·e·s seulement, en proie avec un mégafeu qu’ils·elles nomment le « Dragon ». Ensemble mais seul·e·s, ils·elles n’ont pas d’autre choix pour survivre que d’apprendre à lutter avec cet ennemi hors norme et à le contrer par de nombreux stratagèmes. Dans un jaune et bleu ardents, l’espoir est mince, mais pourtant il brûle aussi. Et si le conte lu à l’enfant avait également son rôle à jouer ? L’esprit du vent ou de la neige souffleront-ils sur Shologon ? Progressivement, c’est la résilience de l’être humain face à la nature que filme Alexander Abaurov: « Paradise signifie que l'endroit où nous vivons est notre paradis. La vie en Sibérie est peut-être un peu plus rude qu'ailleurs, mais c'est notre paradis, et nous n'en avons pas d'autre. Nous n'avons pas de plan B. Nous avons ce que nous avons. Le paradis n'est pas un endroit imaginaire auquel nous aspirons. Non, c'est ici. C'est ici et maintenant ».

Charlotte Serrand