Balomania

En 1965, l’artiste Nam June Paik désignait poétiquement la lune comme la toute première télévision. Dans Balomania, les écrans célestes sont fabriqués sur terre, sont faits de milliers de carrés de papier multicolores et affichent des visages connus des tubes cathodiques : le Karate Kid, Rocky Balboa, Christopher Reeve revêtant le costume de Superman. Ce film haletant est la chronique d’une pratique clandestine à la logistique complexe, se tramant entre le sol et le ciel brésilien : la fabrication, le lancement et la chasse aux ballons à air chaud, canevas géants arborant des images d’héros populaires ou de figures religieuses. L’entreprise est chronophage, passible de prison, ne générant aucun profit financier pour les personnes qui s’y attellent. Au fur et à mesure du film, Sissel Morrell Dargis documente avec intimité des personnalités de cet écosystème irrévérencieux et contestataire : parmi eux, Jabà, à la tête d’une manufacture de ballons, ou Ton, expert en leur poursuite. Des voyages autour du monde ou vers la lune éphémères et fragiles, comme l’auto-détermination qu’ils incarnent.

Dimitri De Preux

Balomania, 2024
Cai Cai Balão, 2020
Plastico, 2017