Deux rives

Le visage de Guy remplit le cadre. Il raconte ce que la prison fait à un homme, comment on y compte les années qu'on perd, comment on y compte les années à l'envers. « Une année en plus pour nous, et une de moins pour toi. » disait sa mère.
Guy va nous raconter son histoire, « Comment il voulait s’arracher de cette vie-là », comment il est parti en Guyane, comment il transitait des billets de banque et de la poudre. La prison aussi. Comment on y survit, comment on y meurt.
Ce portrait cinématographique, c'est son frère Thibault qui le fait. L'occasion d'engager un dialogue avec ce frère aîné qu'il connaît peu et dont il dit qu'il ne comprenait pas ce qu'il faisait quand il était gamin - « On connaissait pas ta vie, on imaginait pas ». Oscillant entre son présent à Lyon, son passé tracé dans ses « feuillets de prison », et entre douceur familiale et dureté des récits, le projet du film semble ouvrir au rapprochement entre les deux hommes. Mais Guy, du haut de son charisme rare, impressionnant — le charisme de ceux qui, marqués par la vie, tiennent toujours debout — restera, jusqu'au bout, mystérieux et insaisissable.
Mourad-Anis Moussa

Deux rives, 2025
Car les hommes passent, 2019
La Ravine, 2018