Khmerica

Dans une nouvelle ère géopolitique où des termes comme « déportation » et « rapatriement » refont surface de manière inquiétante, il est particulièrement révélateur et déchirant d’en observer l’impact sur une micro-communauté ayant déjà vécu cette expérience : les protagonistes américano-cambodgiens de Khmerica. Fuyant le régime de Pol Pot et le génocide avec leurs familles alors qu’ils et elles étaient enfants, ils et elles ont grandi dans la pauvreté aux États-Unis, ont basculé dans les cercles des gangs de rue et de la petite délinquance, se sont impliqué·e·s dans le trafic, le vol et diverses formes de violence, jusqu’à être emprisonné·e·s et, à partir de 2002, expulsé·e·s.Les trois réalisateurs ont visité le Cambodge à plusieurs reprises dans le cadre de collaborations avec le cinéaste Rithy Panh, ont appris la langue et fait la connaissance d’un groupe de Khmericans. Joker, Kookie, Djumbo et leurs compagnons sont de grands gars, avec de gros chiens et de grands tatouages, mais aussi de profonds regrets. Ils forment une sorte de cercle d’entraide parmi les victimes d’un double exil, condamnés à rester des étrangers perpétuels, tiraillés entre leurs familles d’hier et aujourd’hui, les ruines du passé et de vaines tentatives de reconstruction d’eux-mêmes et de leur avenir.

Sergio Fant

Antoine Guide
Khmerica, 2025

Thibaut Amri
Khmerica, 2025

Lucas Sénécaut
Khmerica, 2025