Shuruuk

Dans les ruines d'une maison périphérique, une famille rom aménage un foyer temporaire, accompagnée par la caméra d'Amie Barouh. La traînée d'un avion zébrant le ciel nous propulse ensuite au cœur d'un défilé coloré à Okinawa, avant d’atterrir chez un apiculteur en Ariège. La collision des temps et des espaces constitue la matrice du nouveau film d'Amie Barouh (Je peux changer mais pas à 100%, VdR 2019). L'artiste franco-japonaise a tourné ces fragments biographiques entre 2018 et 2024 et les a montés sous la forme d'un journal filmé, composé au fil de ses déplacements, pour l'essentiel auprès d’ami·es Roms avec qui elle a vécu. Dissociant sons et images, le montage, viscéral, suit le mouvement du soleil – « Shuruuk » signifiant littéralement « levé à l'est », du Japon à la Tunisie, en passant par la Palestine ou la région parisienne. La cinéaste nous emporte, avec grâce et gravité, dans ce tourbillon vital, dont le morcellement dit l'impermanence des choses et la lutte quotidienne des êtres, confrontés à différentes formes d'oppression étatique, pour inventer leur (sur)vie dans les interstices du monde.
Emmanuel Chicon

Shuruuk, 2024
Okinawa, 2023
Bari Mageia, 2022
Contrechant, 2022
Lost Dog, 2021
I Can Change, but Not 100%, 2019
Square Alban.S, 2019
Melinda et George, 2017