Where Two Oceans Meet

La réalisatrice Lulu Scott entretient depuis une quinzaine d’années une relation épistolaire avec Phadiel, qui purge une peine de 25 années dans une prison du Cap. Elle lui envoie également des images de paysages qu’il avait l’habitude de fréquenter, comme autant de respirations en attendant le grand jour. À Mitchell’s Plain, un township créé lors de l’apartheid pour y isoler les “métis du Cap”, sa femme Kulsum vit seule avec leurs deux enfants. Adoptée par cette famille, Lulu filme l’intimité de leur quotidien fait d’une pièce manquante, mais à la fois rempli de patience, d’espoir et de rires. En creux se dessine la réalité complexe de l’Afrique du Sud, pays d’origine de la réalisatrice, marqué par des années d’apartheid — une ségrégation encore insidieusement présente — et par la violence meurtrière des gangs. Un entremêlement de contrastes construit autour d’un lieu sublime au toponyme chargé d’une métaphore presque antinomique, le Cap de Bonne Espérance ; là où les Océans Indien et Atlantique se rencontrent, mais ne se mélangent pas.
Aurélien Marsais

Where Two Oceans Meet, 2025